Femmes Musulmanes de Charleroi

Le voile islamique, ce bout de tissus si mal connu

06/04/2009 00:00

La question du voile islamique interpelle à de nombreux niveaux et pourtant, ce bout de tissu est mal connu, y compris par les personnes qui sont sensées en réglementer le port. Si le voile islamique constitue un signe puisqu’il rend visible l’adhésion de celle qui le porte à la religion musulmane, il ne peut être réduit à cette seule dimension.

 

Voici quelques réflexions qui vous aideront peut-être à y voir plus clair, vous donneront envie d’en savoir plus ou encore vous donneront quelques arguments pour débattre de la question.

 

Dans la religion musulmane, il est accordé une grande importance à la pudeur autant pour les hommes que pour les femmes. Cette pudeur est prescrite à tous les niveaux de la vie sociale : dans la manière de s’exprimer, dans le contenu des propos, dans la manière de regarder l’autre, dans la manière de se comporter, dans la tenue vestimentaire etc. La pudeur a notamment pour fonction de contribuer à l’ordre social en soutenant les musulmans et les musulmanes dans le respect de certaines règles liées notamment au mariage et à la sexualité.

 

A ce titre, par exemple, la séduction « gratuite » en public n’a pas sa place dans le code de bonne conduite des musulmans et musulmanes. A l’extérieur, on se présente décemment vêtu, propre et soigné. La séduction est réservée à la sphère privée, faisant partie de l’intimité du couple licite, donc marié. Cela fonctionne un peu à l’inverse de ce qui se pratique dans nos cultures occidentales où l’on aurait plutôt tendance à se rendre séduisant pour paraître en public.

 

C’est à ce niveau qu’intervient le voile islamique pour les femmes en tant qu’élément de la tenue vestimentaire prescrite pour se présenter en public, les cheveux de la femme étant considérés comme faisant partie des attributs féminins de séduction. En privé, par contre, il est recommandé aux époux (hommes comme femmes) de se rendre séduisants et attirants l’un pour l’autre. A noter au passage que la sexualité, pratiquée dans un cadre licite, c’est-à-dire dans les liens du mariage, n’est pas du tout un tabou, bien au contraire.

 

Un autre grand principe dans la religion musulmane est qu’il n’y a pas de contrainte en religion. Une fois éduqués et/ou en âge de poser certains choix, les musulmans et musulmanes deviennent progressivement responsables de leurs actes et de leur relation à Dieu. La plupart des jeunes filles ou des femmes qui portent le voile islamique le font par choix, souvent après un cheminement spirituel dans le but de se soumettre à la volonté divine et non à leur père, leur frère ou leur mari.

 

Il est certain qu’en regardant autour de nous, nous allons voir se décliner différentes manières de vivre la foi musulmane en ce compris les éléments auxquels je fais référence dans cet article. Des pratiques traditionnelles (liées à la culture) aux interprétations liées à tel ou tel courant de pensée musulmane, chaque musulman et chaque musulmane est responsable individuellement devant Dieu de son comportement, de ses actes.

 

Si contraindre une femme à porter le voile constitue une atteinte inacceptable à la liberté individuelle et est contraire à l’esprit de la religion musulmane, contraindre une musulmane à enlever son voile constitue une véritable violence dans la mesure où il s’agit de lui demander d’enlever un élément de sa tenue vestimentaire qui contribue à la pudeur qu’elle a choisi d’adopter. C’est d’autant plus injuste que toutes les activités professionnelles, scolaires ou sportives peuvent se pratiquer en vêtements amples adaptés avec un voile également adapté et que le voile n’empêche absolument pas l’intelligence de fonctionner.

 

Les musulmanes sont la plupart du temps forcées de choisir entre vivre leur foi comme elles le souhaitent et prendre une place dans notre société. Cela commence dès l’âge de la puberté. Franchir les portes de l’école secondaire, supérieure ou de l’université dans laquelle on souhaite étudier signifie le plus souvent laisser le voile au vestiaire et donc, se dévêtir, ce qui constitue une véritable souffrance pour certaines. Cela continue lorsqu’on aborde la vie professionnelle : il est déjà clairement reconnu dans différentes études qu’à compétences égales, porter un nom à consonance arabe est un handicap. Porter un foulard (quel que soit le nom que l’on porte - il y a aussi des européennes musulmanes) et vouloir accéder à un emploi intéressant, épanouissant, en rapport avec ses compétences relève tout bonnement de la gageure.

 

Certaines feront le choix de serrer les dents, de ravaler l’humiliation, d’accepter la négation d’une partie de leur identité pour ne pas se priver de l’accès au savoir et rester « dans la course » tandis que d’autres se résigneront… Et celles-là, ce n’est ni devant leur père, leur frère ou leur mari qu’elles se résignent mais plutôt devant une certaine forme d’intolérance.

 

Il y aurait évidemment beaucoup de choses à développer autour de ce sujet mais ce qui est certain c’est que le voile islamique fait peur car, mal connu. De ce fait, il est et demeure synonyme d’asservissement, d’extrémisme, voire de terrorisme.

 

J’espère que ces quelques lignes contribueront à soulever un coin du… voile sur la véritable nature de ce bout de tissu…

 

Et Dieu est le plus savant.

 

Dominique Thewissen (Aïcha Belaallam),

Psychothérapeute.

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